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ADI-PARVA.

mille, de ton père et de tes aïeux cette jeune enfant, pure encore de tout péché ? 6156.

» Comment pourrai-je à l’égal de toi, qui as l’œil du devoir, inspirer à ton fils sans protecteur, abattu de toutes parts, les vertus désirées ? 6157.

» Tels que des çoûdras envient l’audition des Védas, tels des hommes sans valeur, vont, au mépris de moi, porter leurs désirs mêmes sur ma jeune fille, restée sans protecteur ! 6158.

» Si je refuse de leur donner cette faible enfant, que tes vertus auront fait croître, ils me la raviront par la violence, comme des corbeaux une offrande à l’autel ! 6159.

» Voyant ton fils sous la sujétion d’hommes vils, comme s’il n’était pas une image de toi-même, je verrai ma fille tombée aussi dans l’infortune ! 6160.

» Méprisée dans les mondes et ne me connaissant pas moi-même, je mourrai victime, brahme, le doute est impossible, des hommes orgueilleux. 6161.

» Abandonnés par toi et par moi, ces deux enfants, auxquels tu as donné la vie, il faut qu’ils périssent comme des poissons dans l’absence des eaux. 6162.

» Le troisième objet de ton amour périra ainsi de toute manière, assurément, s’il est privé de toi : après cela, veuille encore me délaisser ! 6163.

» La plus haute félicité des femmes, ont dit les sages, c’est en premier lieu de suivre la voie supérieure de leur époux ; ensuite, brahme, celle de leurs fils. 6164.

» J’abandonne ce fils et cette fille ; j’abandonne et mes parents et ma vie à cause de toi. 6165.

» La constance de l’épouse dans ce qui est utile ou agréable à son époux l’emporte sur toutes les sortes de