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ADI-PARVA.

mérité la mort : tu vas cesser d’être à l’instant pour le crime !

» Je ferai en sorte de rendre le bonheur à ce bois, délivré de sa cruelle épine. Quand je t’aurai tué, Rakshasa, tu ne mangeras plus les hommes ! » 6032-6033.

Arjouna dit :

« Si tu penses que ce Démon soit d’un poids difficile à porter dans un combat, j’unis mon bras au tien : qu’il soit promptement abattu ! 6034.

» Ou je le tuerai moi seul, Vrikaudara. Tu as accompli ta tâche, tu es fatigué : eh bien ! repose-toi maintenant. »

Ces mots entendus portent au plus haut degré la colère de Bhîmaséna, qui, broyant sous le poids de sa force le Démon sur la terre, lui donna la mort comme à un vil bétail. 6035-6036.

En exhalant son âme arrachée par Bhîmaséna, il poussa une vaste clameur, qui, semblable au bruit d’un tambour mouillé, remplit alors toutes ces forêts. 6037.

Il prit dans la chaîne de ses bras le Rakshasa, qu’il brisa par le milieu du corps ; et la vue du monstre ainsi tué répandit la joie dans ses frères. Satisfaits alors, ces héros de féliciter le tigre des hommes, ce Bhîmaséna, qui avait dompté leur ennemi. 6038.

Ces devoirs accomplis envers le magnanime Bhîma à la force épouvantable, Arjouna tint de nouveau ce langage à Vrikaudara : 6039.

« Il y a, je pense, une ville non loin de cette forêt, seigneur : allons-y promptement : prenons garde que Souyodhana ne vienne à savoir que nous sommes encore vivants. »

« Oui ! » répondirent tous les héroïques princes, qui se mirent en route avec leur mère, la Rakshasi Hidimbâ marchant elle-même avec eux. 6040-6041.