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SABHA-PARVA.

souriant, ses yeux sur Pântchâlî ; puis, avec l’air d’approuver Râdhéya et de provoquer Bhîma, il fit voir à Draâupadî, qu’il regardait fixement, sa cuisse gauche, pareille au tronc d’un bananier, ronde comme la trompe d’un éléphant, semblable à la foudre même par sa couleur jaune, douée enfin de tous les caractères de la beauté. 2389-2390-2391.

Soudain Bhîmaséna, ouvrant ses grands yeux rouges et les dardant sur lui, prononça, au milieu des rois, ces paroles d’une voix, qui fit résonner toute la salle : 2392.

« Que Ventre-de-Loup n’obtienne jamais de partager le monde fortuné de ses ayeux, si, dans un grand combat, je ne te brise un jour cette cuisse par un coup de massue ! » 2393.

Ce disant, les flammes du feu de sa colère jaillissaient par tous les pores du guerrier, comme elles ruissellent par toutes les fentes d’un arbre, qui brûle. 2394.

Vidoura aussitôt de s’écrier :

« Voyez quel immense danger va sortir de Bhîmaséna ! Réfléchissez à ces choses, princes enfants de Pratipa ! C’est le Destin sans doute, qui envoya sous nos yeux les infortunes de ce jour et qui fit naître au milieu des Bharatides ce jeu effréné, où vous disputez, enfants de Dhritarâshtra, une femme dans une assemblée : c’est lui, qui fit délibérer aux Kourouides ces criminels desseins, la ruine entière de votre union et de votre félicité ! 2395-2396.

» Rejetons de Kourou, hâtez-vous d’apprendre ce devoir ; car si la vertu est morte en vous, il faut que l’assemblée pèche ! Si le joueur avait d’abord gagné au jeu cette femme, le maître eût conservé la liberté de sa personne.