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LE MAHA-BHARATA.

me plonge à cette heure, moi, femme de noble race, au milieu de cette assemblée. Où donc s’en est allée la vertu des rois ? Nos pères en effet, dit la tradition, ne conduisaient jamais la femme vertueuse dans une salle d’assemblée ! 2348.

» L’antique, l’éternel devoir est donc éteint parmi les enfants de Kourou ? Car, moi, qui suis l’épouse des Pândouides, la sœur de Drishtadyoumna et l’amie du Vasoudévide, comment puis-je aller dans la salle où sont réunis les rois ? 2349.

» Dites, princes de Kourou, si, moi, l’épouse d’Youddhishthira, née dans un rang égal au sien, je suis ou ne suis pas une esclave, et je me soumettrai à votre jugement ! 2360.

» Mais je ne puis supporter long-temps, rejetons de Kourou, que cet homme vil, opprobre de sa race, m’outrage avec une telle violence ! 2361.

» Rois, songez à la réponse, que je désire : suis-je ou ne suis-je pas une conquête du jeu ? Je m’inclinerai sous votre décision ! » 2362.

Bhîshma de prononcer alors ces paroles :

« Je l’ai dit, noble dame : il est impossible aux hommes, fussent-ils d’une âme élevée, fussent-ils même savants, de connaître dans le monde la voie suprême du devoir. 2363.

» L’homme fort dans le monde regarde sa force comme une vertu, et la vertu est maltraitée comme une ennemie sur les confins du vice. 2364.

» Je ne puis pas te résoudre cette question avec certitude, tant cette affaire est délicate, profonde, inaccessible ! 2355.

» Sans doute cette famille arrivera bientôt à sa fin, car