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SABHA-PARVA.

Douççâsana lui jetait des paroles odieuses, amères, outrageantes. 2248-2249.

La voyant traînée dans le jour de son mois, elle indigne d’un semblable traitement et son vêtement supérieur tombé, Ventre-de-loup, fixant les yeux sur Youddhishthira et portant les formes de la plus cruelle douleur, s’enflamma de colère et dit : 2250.

« Il y a des courtisanes dans la maison des joueurs, Youddhishthira ; mais on n’en fait pas un enjeu et l’on a pour elles de la compassion. 2251.

» Les richesses, que nous avait apportées le roi de Kaçi, ces autres biens sans pareils et ces perles, tributs des autres souverains de la terre, 2253.

» Les chevaux, l’or et l’argent, les cuirasses, les armes, le royaume, nous et toi-même, le jeu a fait de tout la conquête de tes partenaires ! 2253.

» Cependant je n’en ai pas ressenti un mouvement de colère, car ta majesté était la maîtresse de tout et de nous-mêmes. Mais tu commis une faute, je pense, quand tu mis cette Draâupadî pour enjeu. 2254.

» En effet, cette jeune femme ne méritait pas une telle violence, après quelle eut épousé les fils de Pândou ; et c’est à cause de toi qu’elle est en but aux mauvais traitements de ces hommes vils, cruels, de qui l’âme ne fut pas cultivée ! 2255.

» C’est elle, sire, qui fait naître en mon cœur cette colère contre toi : je veux brûler tes deux bras. Sahadéva, apporte ici du feu ! » 2266.

« Jamais avant ce jour, Bhîmaséna, reprit Arjouna, tu n’as avancé de telles paroles ! Nos rivaux ont sans doute étouffé chez toi la majesté du devoir. 2267.