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LE MAHA-BHARATA.

Tel que le vent traîne un bananier rompu, tel Douççâsana, tirant Krishnâ à la très-longue chevelure comme une malheureuse abandonnée, elle, qu’aurait pu défendre un si puissant époux, traina cette noble dame jusqu’auprès de l’assemblée des rois ! 2227.

Tandis qu’elle était ainsi traînée, l’assemblage de ses membres tout courbé, elle dit avec lenteur : « Insensé, je suis dans le jour de mes règles ; je n’ai qu’une robe : ne veuille pas, indigne prince, m’offrir dans un tel état aux yeux de l’assemblée ! » 2228.

Alors, tenant par ses cheveux noirs Yajnasénî, qui appelle au secours et Krishna, et Arjouna, et Hari fait homme, il dit avec violence ; 2229.

« Que tu aies tes règles, Yajnasénî, que tu soies vêtue d’une seule robe, ou que tu n’en aies pas : il n’importe ! Tu fus gagnée au jeu : tu es devenue une esclave ; ton habit est convenable au milieu des servantes ! » 2230.

Ses cheveux détachées, sa robe à demi tombée, Krishnâ, qu’il secouait rudement, étouffa sa pudeur dans son immense colère et lui adressa lentement ces paroles : 2231.

« Ces rois, qui siègent dans l’assemblée, qui ont la science des affaires, qui tous ressemblent à Indra même, tiennent chacun ici le rang d’un père ; ils sont tous vénérables : je n’ai pas la force de paraître ainsi devant eux !

» Homme aux actions cruelles, à la conduite ignoble, ne me dépouille pas de ma robe, ne me traîne pas indignement ; car ces fils de roi, mes époux, ne supporteraient pas ton outrage, eusses-tu pour alliés tous les Dieux, Indra même à leur tête ! 2232-2233.

» Le fils d’Yama se tient dans le devoir ; c’est la vertu la plus délicate, c’est la plus subtile inférence. Je n’ai dé-