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SABHA-PARVA.

» L’homme, qui jette des paroles mal-séantes est passé en secret à l’inimitié ; il couvre ce mystère sous les éloges des ennemis. Tu en es là, homme sans pudeur ! Pourquoi sèmes-tu ici le trouble, si tu désires ce dont tu parles. 2124-2125.

» Ne nous méprise pas ; nous savons quelle est ta pensée. Que la présence des sages t’enseigne la sagesse. Conserve la renommée, que tu as obtenue, Vidoura, et ne le mêle pas dans les affaires des autres. 2126.

» Tu aimes à dire, Vidoura : « C’est moi, qui ai fait telle ou telle chose ! » Ne nous méprise pas, ne nous adresse pas continuellement des paroles amères. Je ne le demande pas si une heureuse fortune m’est ici assurée ; mais cesse de vexer, Kshattri, des hommes, que tu as trouvés patients jusqu’ici ! 2127.

» Il n’y a qu’un seul roi ; il n’y a pas un second roi avec lui ; le roi veille sur l’homme endormi dans son sein. Enseigné par lui, je suis naturellement ses ordres, comme l’eau son penchant. 2128.

» L’intelligence d’un homme, qui nourrit de sa main un serpent, et veut fendre avec sa tête une montagne, donne la direction aux affaires ! Celui, qui veut ici régner de force, doit à cette volonté d’acquérir un ennemi !

» Que le sage pardonne à l’homme, qui vient à des sentiments d’amitié ; mais que l’incendiaire, s’il ne court pas long-temps à l’encontre du feu pour l’éteindre, soit consumé par ces flammes, qu’il a allumées, sans qu’il reste aucune chose de lui, fils de Bharata, pas même de la cendre ! 2129-2130.

» Le sage ne donnera pas, Kshattri, l’hospitalité chez lui à l’homme abject, méchant, surtout s’il est son ennemi.