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SABHA-PARVA.

Tandis que cet épouvantable jeu continuait ainsi, dépouillant Youddhishthira de toutes ses richesses, Vidoura, qui lève toutes les incertitudes, tînt à Dhritarâshtra ce langage :

« Grand roi, écoute ce que je vais te dire, enfant de Bharata, quoique ma parole ne puisse te plaire, comme le remède à l’homme, qui veut mourir. 2094-2095.

» Ce Douryodhana à l’âme scélérate, qui jadis à peine né, poussa comme un chacal des cris discordants, ce destructeur de la race des Bharathides est la cause, qui précipite vos majestés à la mort. 2096.

» Ton délire t’empêche de voir qu’un chacal sous la forme de Douryodhana habite dans ce palais. Écoute ma parole sage ! 2097.

» L’homme enivré de liqueurs ne s’aperçoit pas du précipice : à peine monté, il tombe et sa chûte l’en avertit.

» Tel celui, qu’enivre le jeu de dés, comme une liqueur, n’examine pas avec soin ; il s’est mis en guerre avec des héros et ne voit point à ses côtés le précipice. 2098.

» J’ai appris, héros à la grande science, que jadis, aimant à faire le bien des habitants de sa ville capitale, un roi chez les Bhodjas avait abandonné son fils, nommé Asamandjas. 2099,

» Les Andhakas, les Yadavas et les Bhodjas de concert ont eux-mêmes abandouné Kansa. Alors que, pour obéir au Destin, Krishna, l’exterminateur des ennemis, eut immolé ce tyran, tous nos parents ont goûté par sa mort cent années de bonheur. Commande ainsi à l’Ambidextre de réprimer Souyodhana. 2100-2101.

» Que son châtiment assure le bonheur des enfants de Kourou ! Achète ces beaux paons avec un corbeau, ces