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LE MAHA-BHARATA.

À la vue de ce Bhîmaséna d’une taille aussi élevée qu’un jeune shorée et d’une beauté incomparable sur la terre, la Rakshasi en devint amoureuse. 5940-5941-5942.

« Plaise à Dieu, se dit-elle, que ce jeune homme à la grande splendeur, au teint d’azur, aux longs bras, aux épaules de lion, aux yeux de lotus bleu, au cou marqué de trois lignes comme la conque, veuille être mon époux !

» Je n’exécuterai jamais cette parole assaisonnée de cruauté, que j’ai reçue de mon frère. L’amour de son époux est plus fort que n’est l’amitié pour son frère !

» Si je tue ces hommes, ma faim et celle de mon frère n’en seront guère apaisées qu’un instant ; mais, si je les épargne, ma joie peut subsister des années éternelles. » 5943-5944-5945.

La Rakshasî, qui pouvait revêtir à son gré toutes les formes, se fit un corps humain d’une beauté supérieure et s’approcha insensiblement du vigoureux Bhîmaséna.

La séduisante femme, ornée d’une céleste parure et rougissante de pudeur, tint à Bhîmaséna ce langage, que précédait un sourire : 5946-5947.

« D’où viens-tu, ô le plus éminent des hommes ? Qui es-tu ? Et qui sont-ils ces hommes couchés là, qui ont la beauté des Dieux ? 5948.

» Qui est cette dame grande, au teint d’azur, aux formes bien délicates, qui, arrivée dans ce bois, y dort sous ta garde avec autant de sécurité, homme sans péché, que si elle était dans sa maison ? » 5949.

» Elle ne sait pas que cette forêt épaisse est fréquentée des Rakshasas. En effet, c’est ici qu’habite un Démon à l’âme cruelle, nommé Hidimba. 5950.

» Je suis envoyée par ce Rakshasa, mon frère, à l’es-