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ADI-PARVA.

ouvrit sa grande bouche, et les regarda mainte et mainte fois. 5932.

Joyeux de trouver ce festin d’hommes, l’anthropophage au grand corps, à la grande force, ayant flairé l’odeur de la chair humaine, dit à sa sœur : 5933.

« Ce repas, qui m’arrive en ce moment après une si longue attente, m’est tout à fait agréable. Ma langue se promène autour de ma bouche et semble y faire couler déjà les gouttes de la graisse. 5934.

» Je vais donc enfin plonger mes huit dents au tranchant bien acéré, au choc irrésistible, en des chairs grasses et des corps appétissants ! 5935.

» Je vais prendre à belles dents ces corps d’hommes, rompre la veine et boire leur sang nouveau, fumant, écumeux, coulant à flots ! Va ! Sache quels hommes sont venus au bois se coucher là ! Ce riche fumet de viande humaine délecte mes narines, 5936.

» Égorge tous ces enfants de Manou, apporte devant moi leurs cadavres ; endormis sur une terre, qui est à nous, ils ne peuvent te causer d’effroi. 5937.

» Nous ferons un repas à deux avec ces chairs dépecées à notre fantaisie : hâte-toi d’exécuter ma parole.

» Et, bien repus à satiété de cette viande humaine, nous danserons nous deux, la paume de l’un battant mainte fois la cadence sur la paume de l’autre ! » 5938-5939.

À ces mots de l’ogre Hidimba, la rakshasi Hidimbâ, connaissant la volonté de son frère, s’en alla d’un pied hâté, généreux Bharatide, au lieu où étaient les Pândouides. Arrivée là, elle vit les héros, qui dormaient avec Prithâ, mais Bhîma l’invincible, qui veillait auprès d’eux.