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ADI-PARVA.

héros s’en alla, Bharatide, là où était les grues, hôtes accoutumés des eaux. 5899.

Là, il but, éminent Bharatide, il se baigna et prit de l’eau pour ses frères, en bon frère, qu’il était. 5900.

Il apporta cette eau, rejeton de Bharata, dans son vêtement supérieur ; il revint d’un pied hâté vers sa mère de la distance d’un gavyoûti[1]), l’âme assiégée par l’angoisse et le chagrin, la respiration haletante comme le serpent.

À la vue de sa mère et de ses frères, qui dormaient, couchés sur le sol de la terre, son cœur fut assiégé d’une vive douleur, et Ventre-de-loup exhala cette plainte : 5901-5902.

« Y aura-t-il jamais pour mes yeux un spectacle plus affligeant que celui de voir, infortuné ! mes frères endormis sur la dure à cette heure même ? 5903.

» Eux, qui, alors qu’ils habitaient Vâranâvata, n’ont jamais goûté le sommeil que sur de nobles couches, les voici, qui maintenant dorment sur la surface nue de la terre ! 5904.

» La voilà donc cette Kountî, la sœur de Vasoudéva, qui broie les armées de ses ennemis, la fille du roi de Kounti, la bru de Vitchitravîrya, l’épouse du magnanime Pândou et notre mère ; cette femme d’une extrême délicatesse, resplendissante comme la corolle du lotus blanc, honorée pour tous les caractères de la beauté, accoutumée à des lits de la plus grande richesse, la voilà couchée maintenant ici sur la terre nue, elle, qui n’a point mérité cette infortune ! 5905-5906-5907.

» Elle, qui a conçu d’Yama, d’Indra et du Vent ces

  1. Mesure itinéraire : deux kroças, dont chacun est égal à 4,000 coudées.