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SABHA-PARVA.

» Quel homme de bon sens autre que toi, meurtrier de Madhou, oserait jamais, au milieu des gens de bien, parler d’une femme, qui, avant d’être la sienne, fut l’épouse d’un autre ? 1578.

» Supporte-moi, Krishna, ou, si tu m’en crois, ne me supporte pas : de ta colère ou de ta faveur, que peut-il m’arriver de toi ? » 1579.

À peine eut-il parlé de cette manière, que l’ineffable meurtrier de Madhou inclina son esprit à la pensée du tchakra, qui déchire l’orgueil des Daîtyas. 1580.

Au même instant, le disque terrible vint se mettre dans sa main ; et l’Adorable, qui maniait habilement la parole, articula ces mots à haute voix : 1581.

« Écoutez-moi, princes de la terre ! Pour quelle raison ai-je tant pardonné ? J’ai dû tolérer cent offenses à la demande de sa mère ! 1582.

» J’ai acquitté ce qu’on a sollicité de moi, sires, mais le nombre est enfin arrivé au complet ; je vais le tuer maintenant sous vos yeux mêmes, rois de ce monde ! »

Il dit et, dans sa colère, soudain le plus grand des Yadouides enleva la tête au roi de Tchédi avec ce tchakra, qui déchire les ennemis. 1583-1584.

Le guerrier aux longs bras de tomber comme une montagne frappée de la foudre. Aussitôt les rois virent le corps du roi de Tchédi lancer au dehors une suprême lumière, 1585.

Telle que si le soleil même, grand roi, s’envolait du ciel ! La splendeur éclatante s’inclina pour saluer l’ineffable aux yeux de lotus bleu, adoré dans les mondes ; elle s’absorba toute en lui-même. Et, puissant monarque des hommes, tous les rois, qui en furent les témoins, regar-