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SABHA-PARVA.

» Je m’étonne que les fils de Pândou, jetés par toi hors du sentier des hommes vertueux, puissent dire de cette action : « Elle est bonne ! » 1480.

» Cependant non ! cela ne doit pas m’étonner dans ces hommes, auxquels tu enseignes toutes choses, toi, rejeton de Bharata, qui es un vieillard et qui ressembles à une femme ! » 1481.

Quand il eut écouté ce dur et long discours aux syllabes amères, l’auguste Bhîmaséna, le plus fort des hommes forts, s’enflamma de courroux. 1482.

Ses yeux, naturellement grands et larges, rouges, semblables à la fleur du lotus, rougirent encore plus dans le feu de la colère. 1483.

Tous les rois virent ses sourcils contractés dessiner sur son front un arc à trois branches, tels que la Gangâ aux trois lits, roulant sur le Trikoûta. 1484.

Ils virent sa bouche, qui mordait ses lèvres de colère, comme la bouche de la mort, qui, au temps où expire un youga, veut dévorer tous les êtres. 1485.

Au moment qu’il s’élançait, Bhîshma aux longs bras arrêta vite le héros indigné : tel Kârtikéya est retenu par Çiva. 1486.

Le mouvement de Bhîshma pour contenir Bhîma fit rentrer sa colère dans le calme aussi promptement qu’un gourou, noble Bharatide, éteint celle de son disciple avec ses diverses paroles. 1487.

Le valeureux dompteur des ennemis ne désobéit point à sa voix : telle, dans la saison pluvieuse, la mer ne franchit pas ses rivages. 1488.

Inébranlable dans son courage, cette colère de Bhîmaséna ne put alors émouvoir, sire, l’héroïque Çiçoupâla.