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LE MAHA-BHARATA.

honoré, en me rendant vos hommages, comme le prescrit l’étiquette ? Quelle raison vous a fait venir en ces lieux ? » Il dit ; et Krishna à la haute sagesse lui répondit

En ces termes d’une voix douce et profonde, lui, qui maniait habilement la parole : 845-846-847.

« Sache, monarque des hommes, que nous sommes des initiés, sinon des brahmes. L’initiation et les vœux embrassent à la fois, sire, les brahmes, les kshatryas et les vaîçyas.

» Ils ne diffèrent pas, quoiqu’ils aient des observances différentes. Le kshatrya, si toujours il excelle, arrive à posséder Çrî. 848-849.

» Çrî est la fidèle compagne des hommes, qui ont des fleurs : c’est pour cela que tu nous vois ici portant ces bouquets. Le kshatrya possède la vigueur du bras ; mais il n’a pas la force de la parole. 850.

» La parole dans sa bouche est sans énergie. Aussi Brahma lui a-t-il remis, fils de Vrihadratha, sa propre vigueur, qu’il a déposée aux deux bras des kshatryas. 851.

» Si tu désires en voir la preuve, sire, tu la verras aujourd’hui sans doute : les hommes sages entrent chez leurs amis par la porte ; mais, dans la maison de leurs ennemis, c’est par une autre voie que la porte. Le devoir même approuve ces moyens. Nous sommes venus en ta demeure, où des affaires nous appelaient ; mais nous n’y recevrons pas les honneurs d’un ennemi ; sache-le : c’est notre inébranlable résolution ! » 852-853.

Djarâsandha lui répondit :

« Je ne me souviens pas d’une époque, où j’aie été jamais en guerre avec vous ; et j’ai beau chercher dans ma pensée, je n’y trouve pas une offense, que j’aie reçue de vous en retour de la mienne. 854.