le monarque en possession du fils, qu’il avait désiré, elle conçut la pensée qu’un tel enfant aurait une force extraordinaire.
« Moi, qui habite sur la terre de ce roi magnanime et vertueux, je ne dois pas, se dit-elle, tuer cet enfant, dont la naissance comble ses vœux paternels ! » 722-723.
» Alors elle prit l’enfant lumineux comme l’éclair, qui sillonne le nuage, et, s’étant fait une forme humaine, elle tint ce langage au monarque de la terre : 724.
« Vrihadratha, je te donne cet enfant, ton fils ; reçoisle ! Il fut conçu dans le sein de tes deux épouses, suivant la parole du saint anachorète. Abandonné par les nourrices, c’est moi, qui l’ai sauvé ! » 725.
» Aussitôt, noble rejeton de Bharata, les deux illustres filles du roi de Kâçi, s’étant approchées de l’enfant, s’empressèrent de l’abreuver avec les ruisseaux de leurs seins.
» Joyeux à la vue de toutes ces merveilles, le roi fit alors cette demande à la Rakshasî, qui avait dépouillé ses formes de Démon et qui semblait une femme d’or : 726-727.
« Qui es-tu, toi, qui ressembles à la corolle d’un lotus et qui m’as fait présent d’un fils ? Parle à ta volonté, noble dame[1] ; tu es pour moi l’image d’une Divinité. »
« Je suis, pour te servir, lui répondit-elle, une Rakshasî, nommée Djarâ, qui change de forme à volonté. J’ai habité tranquille et honorée dans ton palais, Indra des rois.
» Je suis la Rakshasî, qui se tient sans cesse dans chaque maison des hommes. Jadis l’Être-existant-par-lui-même m’a créée sous le nom de Grihadévl, la Déesse des maisons. 728-729-730.
- ↑ Le texte porte : kaçyâni, il est évident qu’il faut : kalyâni. Cette édition de Calcutta est souvent assez défectueuse. Dans la 758e stance, elle écrit akakote siècle, au lieu de akabote siècle, faciebat, troisième personne de l’imparfait.