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LE MAHA-BHARATA.

Réunis dans les cours et dans les salles : « Le fils ainé de Pândou est arrivé, disaient-ils, à l’âge de monter sur le trône. 5653.

» Dhritarâshtra, qui est notre souverain aujourd’hui, n’est pas d’abord parvenu à l’empire, tout doué qu’il fût des yeux de la science, parce qu’il était aveugle de naissance ; comment pourrait-il occuper le trône maintenant que nous avons un prince en âge de tenir le sceptre ?

» Bhîshma, le fils de Çântanou, a jadis refusé la couronne : homme aux grands vœux, enchaîné aux lois de la vérité, il ne consentira jamais à la recevoir ! 5659-5660.

» Eh bien ! sacrons aujourd’hui même l’aîné des Pândouides : c’est un jeune homme, bien doué pour la guerre ; il sait compatir aux peines ; il connaît la vérité ! 5661.

» Ce prince vertueux saura vénérer Bhîshma, le rejeton de Çântanou, Dhritarâshtra avec ses fils, et les combler de biens divers. » 5662.

À peine Douryodhana eut-il entendu ces paroles, que l’amour d’Youddhishthira inspirait aux habitants de la ville, son âme dépravée en ressentit aussitôt une brûlante jalousie. 5663.

Rongé de chagrin, son esprit méchant ne put supporter ce langage des citadins, et, consumé d’envie, il courut chez Dhritarâshtra. 5664.

Il vit son père délaissé, lui rendit ses hommages, et, furieux de voir l’inclination du peuple se tourner vers les Pândouides, lui parla en ces termes : 5665.

» J’ai recueilli, mon père, des paroles fâcheuses dans les entretiens des habitants de cette ville : sans aucun égard, ni pour Bhîshma, ni pour toi-même, ils veulent pour maître un fils de Pândou. 5666.