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LE MAHA-BHARATA.

» Comme il n’existait pas un époux aussi bien doué de qualités, le soleil pensa de soi-même, rejeton de Kourou, à lui donner Tapatî. 6535.

» Il arriva qu’un jour, fils de Prithâ, ce beau roi à la valeur sans mesure fit une chasse dans les bois situés au pied d’une montagne. 6536.

» Tandis que le monarque s’adonnait à la chasse, fils de Kountî, son cheval incomparable mourut sur la montagne, épuisé de faim et de soif. 6537.

» Sa monture expirée, le roi continua sa route à pied sur la montagne et vit la jeune fille aux grands yeux, sans égale dans le monde. 6538.

» Le fléau des armées ennemies, le plus éminent des rois s’avança seul vers la vierge, qui était seule, et se tint devant elle, la regardant avec des yeux immobiles. 6539.

» Car le monarque s’imaginait, à cause de sa beauté, que c’était Çrî elle-même ; il s’imaginait encore que c’était la splendeur exilée en quelque façon du soleil. 6540.

» Elle semblait à ses yeux la flamme elle-même du soleil par le corps et la lumière ; mais le plus pur croissant de la lune par le charme et la sérénité. 6541.

» Debout, Sur le dos de la montagne, la nymphe aux yeux bien noirs paraissait comme une statue d’or, frappée des rayons du soleil. 6542.

» Illuminée par ses parures et sa beauté, on eût dit que la montagne était faite d’or entièrement avec ses arbres, ses arbrisseaux et ses lianes. 6543.

» À sa vue, le roi méprisa les femmes de tous les mondes et s’imagina que ses yeux avaient obtenu leur paradis.

» Rien de tout ce qu’il avait pu voir de beauté ; à remonter jusqu’au jour de sa naissance, pensait le mo-