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LE MAHA-BHARATA.

cher désir de ton cœur ! Il n’y a point ici à douter de moi. » 6367.

Le saint répondit à son langage : « Je ne veux pas. » Et, de nouveau, Droupada s’empresse autour de lui pour gagner sa faveur. 6368.

Ensuite, quand une année se fut écoulée, sire, Oupayâdja, le plus grand des régénérés, lui dit à propos de sa requête, et d’une voix douce : 6369.

« Mon frère aîné, se promenant au milieu d’un bois épais, a ramassé un fruit tombé sur une terre, dont la pureté n’était pas entièrement connue. 6370.

» Je vis cela, car je suivais alors mon frère sans beaucoup de réflexion. Il n’aura jamais un moment d’hésitation à ramasser même des balayures. 6371.

» Il vit donc le fruit, mais il n’aperçut pas le péché, conséquence de cette faute. De quelle manière en eût-il été autrement, puisqu’il ne mettait aucune différence dans la pureté ? 6372.

» Au temps même, où, lisant le recueil des saintes Écritures, il habitait sous le toit de son gourou, il ne craignait pas de manger une aumône rejetée des autres, 6373.

» Tout en dissertant mainte et mainte fois, sans pitié, sur la vertu des choses mangées. J’entrevois avec les yeux de la conjecture que mon frère sent de nouveau le besoin d’un fruit dans ce moment. 6374.

» Va donc le trouver, monarque des hommes ; il prêtera son ministère à ton sacrifice. » Le prince, qui désirait conserver la mémoire de ces choses, y appliqua sa pensée.

À peine eut-il entendu ces paroles d’Oupayâdja, qu’il se rendit à l’hermitage de son frère ; et, quand il eut honoré cet homme digne de ses hommages, il dit à Yâdja :