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des ennemis, Dhanandjaya, le tigre des hommes. » Tu te regardes comme un tigre en ce moment, où tu ne vois pas, semblables au soleil et à la lune, les deux Krishnas, montés sur un même char.

» II t’est possible de parler à ton gré, Karna, tant que tu n’entends pas dans cette vaste bataille le son de l’arc Gândîva. 1,808-1,809-1,810-1,811.

» Tu deviendras un chacal aussitôt que tu l’auras vu faisant résonner, comme un tigre rugissant, les dix points de l’espace avec le bruit de son arc et le roulement de son char. 1,812.

» Mais tu es toujours comme un chacal, et Dhanandjaya est toujours comme un lion ; aussi te voit-on comme un chacal, insensé, par ta haine pour les héros. 1,813.

» Ce que sont, pour la force et la faiblesse, un rat et un chat, en comparaison du chien et du tigre ; ce que sont un chacal et un lion, un lièvre et un éléphant ; ce que sont le mensonge et la vérité, ce que sont le poison et l’immortalité : voilà ce que vous êtes, l’un à l'égard de l'autre, toi et le Prithide, célébrés chacun pour vos œuvres. » 1,814.

Méprisé par Çalya à la splendeur infinie, Râdhéya, bouillant de colère, et considérant que chacune de ses paroles était une flèche, lui répondit en ces mots : 1,815-1,816.

« Un homme, qui a des qualités, connaît les qualités de ceux, qui en possèdent ; celui, qui en est dépourvu, ne les voit pas. Mais toi, Çalya, tu es vide de qualités, comment distinguerais-tu les vertus et les vices ? 1,817.

» Moi, Çalya, je connais les grands astras, la colère, la vigueur, l’arc, les flèches et le courage du magnanime Arjouna. 1,818.