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de larmes, et gémissant : « Hélas ! Karna ! Hélas, Karna ! » 4,918.

Ils contemplent de leurs regards souvent répétés le vaste drapeau d’Arjouna, flamboyant de renommée, et la terre, ainsi arrosée du sang sorti du corps des éléphants, des chevaux, des guerriers, 4,919.

Et qui, accessible à tous, sire, porte des formes toutes couvertes de sang et ressemble à une Dame illustre, parée d’or, d’un bouquet de fleurs et d’une robe cramoisie. Dans le temps que brillait au plus degré cette heure terrible, 4,920.

Les Kourouides, se voyant tous envoyés au monde des Dieux, ne tinrent pas de pied ferme. Affligés par la mort de l’Adhirathide et gémissant : « Hélas, Karna, Karna, Karna ! » 4,921.

Voyant rougir l’astre du jour, sire, ils s’avancent rapidement vers leur camp. Le soleil à la guirlande de rayons brillait dans cette bataille, où Karna a succombé, comme s’il avait lui-même le corps couvert des flèches aiguisées sur la pierre, envoyées par le Gândîva, empennées d’or aux ailes ointes de sang. Dès que l’adorable soleil, plein d’amour et rempli de compassion, eut touché de ses rayons le corps de Karna oint, arrosé de sang, il s’en alla, désirant se baigner, les formes rougies par le sang, se plonger dans la mer plus éloignée. Et, ce disant, les chœurs des Dévarshis s’en retournent dans leur palais, comme ils étaient venus[1]. 4,922-4,923-4,924.

Les hommes, après un instant de réflexion, se répandirent, et dans les airs, et sur la surface de la terre. Le

  1. Le sanscrit pourrait mettre de nombreux exemples à côté de cette manière de parler.