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Bhîma en but le sang tout chaud, parce qu’il voulait rendre sa promesse vraie. Dès qu’il eut bu avec colère et bu à satiété, regardé par tous, il tint ce langage : 4,236.

« Le goût du sang de cet ennemi est en cet instant, pour moi, supérieur à tous les autres breuvages, qui régnent dans le monde, 4 la saveur exquise du nectar et de l’ambroisie, au lait d’une mère, au miel, au beurre clarifié, aux liqueurs spiritueuses, à la coupe de l’hospitalité, à l’eau céleste et à l’extrait incomparable de l’une et de l’autre mer de lait. » 4,237-4,238.

Bhîma aux œuvres terribles, l’âme enveloppée de colère, ayant vu Douççâsana privé de la vie, reprit la parole en riant, avec un accent joyeux : « Que ferai-je ? Te voilà gardé par la mort ! » 4,239.

Ceux, qui virent Bhîmaséna parlant ainsi, courant de nouveau, enivré du sang, qu’il avait bu, et plein d’une joie suprême, tombèrent alors, frappés de crainte. 4,240.

Des hommes, qui n’étaient pas troublés par la terreur, laissèrent échapper même les armes de leurs mains ; ils crièrent de peur sans voix, et regardèrent de tous côtés, les yeux fermés. 4,241.

Ceux, qui virent alors de toutes parts Bhîmaséna buvant le sang de Douççâsana, tombés tous dans l’épouvante, fuyaient, en disant ; « Ce n’est pas uq homjpe ! » 4,242.

Les peuples, témoins de cette ressemblance, dont il était revêtu, et voyant Bhîma boire le sang[1], couraient, talonnés par l’elfroi, disant avec Tchitraséna que Bhîmaséna était un Rakshasa. 4,243.

Youdhâmanyou, le fils du roi, s’approcha à la hâte d’une

  1. Çonitan, texte de Bombay.