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» On voit, comme s’ils étaient encore vivants, d’agiles combattants, l’âme exhalée. Vois par milliers ces guerriers avec des chars, des chevaux et des éléphants broyés, la tête fendue par les pilons et les membres écrasés par les massues. Les champs du combat sont couverts des pattiças, des sabres, des lances, des flèches[1], des massues de fer épouvantables, des javelots harponnés, travaillés en fer, des haches, des corps nombreux, mutilés, inondés par des flots de sang, des chevaux, des éléphants et des guerriers, la vie exhalée dans l’action de tuer leurs ennemis. La terre est jonchée, Bharatide, de bras oints de sandal, d’armilles parées d’or, de bracelets et de maniques, de mains ornées, qu’on a fait sauter avec les défenses de leurs doigts, de cuisses pareilles à des trompes d’éléphants, coupées sur des guerriers agiles. Le sol resplendit de têtes des guerriers aux yeux de taureaux, tombées avec les pendeloques, les aigrettes et les plus riches joyaux encore attachés. La terre brille, comme de feux aux flammes éteintes, ô le plus vertueux des Bharatides, de troncs mutilés, oints de sang, et de membres aux cous tranchés. Vois les chars éclatants avec leurs clochettes d’or, rompus en mille fragments, et les chevaux immolés, victimes des flèches, les entrailles répandues ; et ces caisses de chars, et ces carquois, et ces drapeaux, accompagnés de banderolles diverses ; et ces conques grandes, blanches, éparses, des maîtres de chars ; et ces éléphants, couchés morts, la langue pendante, semblables à des montagnes ; (De la stance 2,874 à la stance 2,884.)

» Et ces étendards admirables, et ces coursiers avec ces

  1. "Çara", texte de Bombay.