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voir et croassant : « kâ-ka ! kâ-ka !» 1,940-1,941.

» Il retira avec ses pattes le corbeau rapidement et le fit monter doucement sur son dos. Quand le volatile sans pensée y fut assis promptement, 1,942.

» Le cygne à tire-d’aile retourna dans son île, où ils abattirent leur vol : il y établit l’habitant des airs et lui fit reprendre ses sens. 1,943.

» Rapide comme la pensée, le cygne arriva dans ce lieu presque aussitôt qu’il l’eût désiré : et c’est ainsi que le corbeau, nourri des restes, fut vaincu par lui. » 1,944.

» Abandonnant ta force, ta vaillance, ton royaume et ta patience, tu viens au combat, Karna, comme ce corbeau, jadis engraissé des reliefs dans la famille d’un vaîçya.

» C’est ainsi que tu fus nourri des restes du Dhritarâshtride, il n’y a pas de doute : mais tu dédaignes, Karna, tous ces mets les plus excellents. 1,945-1,946.

» Lorsque tu étais protégé dans la cité de Virâta par Drona, par son fils, par Kripa, par Bhîshma et les autres Kourouides, pourquoi n’as-tu point alors immolé Arjouna, quand il était seul. 1,947.

» Dans ce jour, où vous étiez là présents et ne formant qu’un seul tout, vous fûtes vaincus par Kirîti, comme des chacals[1] par un lion : où était alors ton courage ?

» À la vue de ton frère immolé dans le combat par l’Ambidextre, sous les yeux des plus vaillants Kourouides, tu t’es enfui d’abord ; 1,948-1,949.

» Et dans le Dwaîtavana, où tu étais poursuivi par les Gandharvas, abandonnant tous les enfants de Kourou, tu t’es enfui le premier, 1,950.

  1. Sringalâ iva, texte de Bombay.