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évitez la tyrannie de l’une au détriment des autres. 5609.

» L’homme, qui suit le devoir, sent lui-même sa tyrannie ; il est enchaîné par lui sur les deux autres points. L’argent est un tyran pour celui, que l’avarice aveugle : l’amour en est un autre pour l’homme, qui donne à cette passion trop d’empire sur lui-même. 5610.

» L’âme pure, sans orgueil, attentive, la bouche sans invectives, la flatterie à vos lèvres, les yeux fixés sur l’utile, délibérez avec les brahmes. 5611.

» Arrachez d’un geste épouvantable ou même doux une âme consternée, et remplissez avec capacité le devoir des rois.

» L’homme, qui n’est pas monté haut, ne voit que des choses heureuses, et les dangers ne se montrent pas à ses yeux ; mais, s’il est monté plus haut dans la vie, c’est alors qu’il aperçoit au loin des périls. 5612-5613.

» Honni soit le souverain, qui emploie son intelligence à consoler, disant à l’un : « C’est une chose passée ! » à l’ignorant : « C’est un événement, qui ne s’était pas encore vu ! » au savant : « C’est une de ces choses, que le temps ramène dans ses révolutions ! » 5614.

» Le roi, qui, la paix conclue avec son ennemi, s’endort comme s’il n’avait plus rien à faire, ressemble à un homme, qui s’est endormi à la cime d’un arbre et que sa chûte réveille à terre. 5615.

» Employez toujours vos efforts sans paroles d’impatience à bien cacher vos desseins et, sous la garde de vos émissaires, conservez les apparences de la sécurité. 5616.

» On ne parvient pas à une haute prospérité, si l’on n’a brisé les membres des ennemis, si l’on n’a consommé des actes épouvantables, si l’on n’a tué comme un pêcheur tue ses poissons. 5617.