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mais on ne saurait trop se méfier d’un voisin méfiant ; le danger, que fait naître l’assurance, coupe les racines d’un trône. 5602.

» Ne vous fiez pas à celui, qui ne vous accorde pas sa confiance ; ne vous fiez même pas trop à celui, qui vous donne la sienne : le danger, qui est fils de la confiance, peut couper les racines d’un trône. 5603.

» Sachez disposer habilement vos émissaires dans l’intimité d’un monarque ennemi : associez-vous dans les royaumes de l’étranger les faux dévots, les hérétiques et les autres gens de même espèce. 5604.

» Faites parcourir à vos agents les jardins publics, les promenades, les temples des Dieux, les tavernes, les grandes rues, et tous les tîrthas mêmes, les cours des maisons, les puits, les montagnes, les forêts, les assemblées et toutes les rivières. 5605.

« Soyez de langue un marbre bien poli, mais le tranchant d’un rasoir par le cœur. Qu’un sourire devance la parole, quand vous couvez dans la pensée un dessein épouvantable. 5606.

» Porter les mains réunies aux tempes, jurer des serments, flatter, saluer du front à terre les pieds d’un rival, prodiguer les espérances : voilà ce que doit faire l’homme, qui aspire à la prospérité. 5607.

» Soyez tout couvert de fleurs, mais sans fruits ; ou, si vous portez des fruits, qu’on ne puisse y atteindre. Soyez au-dehors semblable à un fruit mûr ; mais soyez au-dedans un fruit vert et qu’on ne puisse jamais vous digérer. 5608.

» Il y a dans les trois buts de la vie humaine une oppression trijumelle et trois parties d’un même faisceau : réunies, sachez-le, elles sont chose excellente ; mais