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Après qu’il eut reçu tous ces présents, le vertueux brahme, qui possédait maintenant la science des armes, s’en alla bien joyeux au palais de son cher ami Droupada.

Arrivé en présence du roi, l’auguste Bharadwâdjide dit au prince : « Me voici chez toi, sache-le, sire, moi, ton ami ! » 5133-5134.

À ces mots, le Pântchâlain, qui jadis avait du plaisir à entendre ce nom d’ami dans la bouche du Bharadwâdjide, ne put, maintenant qu’il était roi, supporter cette expression. » 5135.

Les sourcils froncés de mauvaise humeur et de colère, ses yeux devenus rouges, le monarque, enivré par l’orgueil du pouvoir, tint ce langage à Drona. 5136.

« Ta science est encore imparfaite, brahme ; elle n’est pas encore bien faite aux usages, puisque tu viens me dire si brusquement, deux fois né : « Je suis ton ami !

» On ne voit nulle part exister l’amitié entre les rois puissants et des hommes nés comme toi, privés de grandeur et dépourvus de richesses. 5137-5138.

» Les amitiés vieillissent elles-mêmes dans le cours du temps avec l’homme, qui vieillit. Sans doute, il y eut jadis amitié entre moi et toi ; mais elle avait pour lien l’égalité.

» L’amitié n’est inaltérable dans le cœur de personne, qui soit au monde. Le temps a pour effet certain de la détruire et la colère en brise le lien. 5139-5140

» Ne fais plus compte, ô toi, d’une chose, qui a vieilli ; renonce à cette amitié. Celle, qui jadis te rapprocha de moi, ô le plus vertueux des brahmes, avait pour cause le besoin. 5141.

» Le pauvre n’est pas l’ami du riche, le savant n’est pas l’ami de l’ignorant, un lâche n’est pas l’ami d’un