Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/545

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que moi, car tu as vu le visage du monarque de la terre, enflammé par le désir ! » 4886.

« Il ne fut pas empêché, reine, et cela plus d’une fois, par moi toute gémissante, lui répondit Mâdrî ; il ne s’arrêta point de lui-même parce que le Destin voulait donner sa vérité à la malédiction. » 4887.

» Je suis l’aînée, reprit Kountî, et sa femme légitime ; mon devoir d’épouse a su porter des fruits excellents. Ne me détourne pas de la résolution d’une chose, Mâdrî, qui doit être nécessairement. 4888.

» Je suivrai mon époux, qui est allé dans le royaume des morts. Lève-toi ! quitte-le et garde ces enfants. »

« Je suivrai moi-même, répliqua Mâdrî, mon époux expiré : nos désirs ne sont pas rassasiés. Que mon aînée veuille bien approuver mon dessein. 4889-4890.

» La mort a frappé ce Bharatide, le plus vertueux de sa race, au moment qu’il s’unissait d’amour avec moi : comment n’irais-je pas dans le palais d’Yama éteindre ses désirs ? 4891.

» Moi, qui ne distinguais pas tes fils des miens, je suivrai cette ligne de conduite, noble dame : le feu du bûcher lavera mon péché et moi-même. 4892.

» Il te faut donc agir, Kountî, à l’égard de mes fils, comme s’ils étaient les tiens : hélas ! c’est un désir, dont il s’enflamma pour moi, qui a fait tomber le roi sous l’empire de la mort. 4893.

» Aies soin de brûler avec mon corps ce cadavre bien enveloppé du monarque ; fais-moi ce plaisir, noble dame.

» Sois bonne pour moi et sans négligence pour mes enfants : je ne vois rien autre chose à te prescrire d’aucune manière. » 4894-4895.