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Au milieu même de ces jeux avec elle au gré de son amour, le roi des hommes la rendit mère de huit fils, semblables à des Immortels. 3907.

Aussitôt né, Bharatide, elle précipitait chaque enfant au milieu des ondes : « Je t’aime ! » et, disant ces mots, elle de les plonger dans le fleuve. 3908.

Ces noyades alors n’étaient pas agréables au roi Çântanou ; mais le puissant monarque n’osait rien dire, tant il craignait qu’elle ne l’abandonnât ! 3909.

Enfin, à la naissance du huitième fils, le roi, qui voulait sauver son enfant, dit, frappé de douleur, à son épouse, qui riait déjà : 3910.

« Ne le tue pas ! « Qui es-tu et de qui es-tu fille ? dira-t-on. Pourquoi détruit-elle ses enfants ? » Tu as fait une action fort blâmée : infanticide, tu as commis un bien grand forfait ! » 3911.

« Père sensible, dit la femme, je ne tuerai pas ton fils, ô le meilleur des pères ! Rompue soit donc mon habitation chez toi ! car l’injure, que tu m’as faite, vient de la briser.

» Je suis la Gangâ, fille de Jahnou, hantée par les troupes des grands saints ; j’ai demeuré avec toi pour le succès d’une chose dans les affaires des Dieux. 3912-3918.

» Ces enfants sont les huit Vasous, Déités éminentes, à la grande vigueur, tombées dans la condition humaine sous le coup d’une malédiction de Vaçishtha. 3914.

» Ils n’ont pas d’autre père que toi sur la terre, et nulle femme, si ce n’est moi, ne fut leur mère dans ce monde-ci.

» Je suis passée dans la nature humaine afin d’y être la mère de ces huit Vasous ; toi, par le mérite de les avoir engendrés ici-bas, tu as conquis les mondes impérissables. 3915—3916.