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vaincue par Çarmishthâ, fille de Vrishaparvan ! 2451.

» Ce monarque ici présent, Yayâti, l’a rendue mère de trois fils ; et moi, infortunée, je te le dis, mon père, je n’ai eu de lui que deux fils seulement ! 3452.

» Voilà ce roi, qu’on appelle Dhaimajna, l’homme, qui sait le devoir ; il en a franchi les bornes, fils de Bhrigou ; et c’est à toi que je dénonce ce crime, petit-fils de Brahma. » 3453.

« 0 toi, qui, puissant roi, quoique sachant le devoir, lui dit Çoukra, as donné un plaisir contraire au devoir, une vieillesse invincible va fondre à l’instant même en châtiment sur toi ! » 3454.

Yayâti répondit :

« Révérend, j’ai rendu ce devoir à la fille du roi des Dânavas parce qu’elle me sollicitait pour les jours de son mois, et je n’ai pas laissé errer mon esprit sur autre chose. 3455.

» Les doctes en Védas, brahme, appellent coupable d’un avortement l’homme, qui, sollicité au temps des règles, ne donne point à la femme ce que ces règles appellent.

» Sollicité d’une femme brûlante d’amour au temps propre à la fécondité, lui refuse-t-il ses embrassements, les savants en matière de devoirs l’assimilent au coupable d’avortement. 3456—3457.

» C’est après l’examen de ces considérations, fils de Bhrigou, que, troublé par la crainte du péché, Çarmishthâ fut reçue dans mes bras. » 3458.

« Ne devais-tu point aussi reporter tes yeux sur moi ? repartit Çoukra ; tu relèves de moi, prince. Agir avec fausseté, Nahoushide, c’est commettre un vol sur les devoirs. » 3459.