À ces mots, reprit Vaîçampâyana, Kâvya, le plus noble fils de Bhrigou, s’en alla, plein de colère, chez Vrishaparvan et, sans balancer, il tint ce langage au monarque assis sur le trône : 3332.
« Sire, une conduite sans justice ne donne pas à l’instant son fruit, comme la vache. Son châtiment peu à peu s’approche et coupe les racines du pécheur. 3333.
» Si l’homme ne fixe les yeux sur lui-même, son péché assurément porte un fruit douloureux dans ses fils et petits-fils, comme un aliment indigeste dans l’estomac. 3334.
» Parce que tu as fait tuer le brahme Katcha, petit-fils d’Angiras, élève docile, qui se trouvait heureux chez moi, qui savait le devoir et qui n’avait pas une mauvaise nature ; 3335.
» À cause de la mort donnée à cet homme, qui ne l’avait pas méritée, à cause de la mort tentée sur ma fille, écoute ceci, Vrishaparvan : je vais t’abandonner, toi et tes parents ! 3336.
» Je n’aurai pas la force, sire, de rester dans ton royaume avec toi ! oh ! tu me connais, Daîtya ! tu sais que je ne suis pas homme à jeter des paroles sans conséquence ; car, en vain regardes-tu, tu ne vois pas une faute de moi ! » 3337.
« Je ne connais de toi, Bhargavain, lui répondit Vrishaparvan, ni une chose injuste, ni une parole fausse ; la justice réside en toi avec la vérité : que ta sainteté me soit propice, 3338.
» Si tu nous abandonnes, fils de Bhrigou, et si tu quittes ces lieux, nous irons nous réfugier dans la mer, car il n’est pas un autre plus sûr asile pour nous. » 3339.
« Entrez dans la mer, Asouras, ou fuyez aux différents