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thâ. Il régna sur les peuples, sire, d’innombrables années. 3158-8159.

Il parvint à une vieillesse destructive des formes et grandement hideuse ; alors, vaincu par la décrépitude, ce roi, fils de Nahousha, tint ce langage à ses fils, 3160.

Yadou, Poûrou, Tourvasou, Douhyou et Anou. Il dit, rejeton de Bharata : « J’ai une envie, mes fils ; c’est qu’une nouvelle jeunesse me permette encore de satisfaire mes désirs et jeune de m’amuser avec de jeunes beautés. Aidez-moi de votre assistance. » Son fils majeur, né de Dévayânî, lui répondit en ces termes : 3161-3162.

« Que peut faire notre jeunesse pour ta majesté ? » — « Prends sur toi ma vieillesse, reprit Yayâti. 3163.

» Revêtu de ta jeunesse, je promènerais mes désirs sur tous les objets des sens. Jadis, en effet, mes fils, célébrant de longs sacrifices, une malédiction fut jetée sur moi par l’anachorète Ouçanas : « Environné de toutes les choses, qui peuvent exciter le désir, mais tout à fait dénué de force, tu seras consumé de chagrin, a-t-il dit, car tu ne pourras en jouir. » 3164.

» Qu’un de vous se revête de mon corps et gouverne l’empire à ma place ; moi, redevenu jeune dans son corps plein de fraîcheur, je rassasierai mes désirs. » 3165.

Mais, ni Yadou, ni ses autres fils ne voulurent échanger leur jeunesse contre sa vieillesse. Ensuite le plus jeune, qui avait la vigueur de la vérité, Poûrou dit ces mots à son père : 3166.

« Sire, promène-toi, dans un jeune corps, au milieu des objets sensibles, qui veulent de la jeunesse ; moi, chargé de vieillesse, je me tiendrai sur le trône par ton ordre. »