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« Quand il eut parlé de cette manière, dit le rejeton de Soûta, Brahma de s’en retourner dans son palais. 71-74.

Ensuite Vyâsa, le fils de Satyavatî, pensa au souverain des Ganas. À peine eut-il formé cette pensée, aussitôt Héramba, qui aime à satisfaire la pensée de ses adorateurs, Vighnéça descendit là où se tenait Védavyâsa. Honoré par lui, il s’asseoit, et Vyâsa lui tient alors ce langage : « Maître des Ganas, Dieu pur, sois l’écrivain du Bhârata, ce poème, que j’ai composé dans mon esprit et que je vais te dicter. » À ces mots, Vighnéça répondit : « Oui ! je serai ton secrétaire, à condition que ma plume ne s’arrêtera pas un instant aussi long-temps que j’écrirai. » — « Soit ! n’écris pas, si tu es quelque part sans comprendre, » dit Vyâsa au Dieu. — « Aum ! » reprit Ganéça ; et c’est ainsi qu’il devint le secrétaire du pénitent. 75-79.

Ensuite le solitaire fit en lui-même avec ardeur l’enchaînement du poème, touchant lequel Dwaîpâyana l’anachorète, ayant réfléchi, dit cette parole : « Je sais huit milliers et huit centaines de çlokas ; Çouka les sait ; Sandjaya ou les sait ou ne les sait pas. » Il est impossible de rompre cette masse de çlokas bien fortement enchaînée par le mystère du sens, que le solitaire y tient renfermé. Dans les moments, où Ganéça, tout savant qu’il fût, s’arrêtait à réfléchir un instant, Vyâsa composait plusieurs autres çlokas. Ce poème avec les pinceaux trempés dans le collyre de la science fait ouvrir les yeux au monde, qui marche aveuglé par les épaisses ténèbres de l’ignorance. Telle que cette obscurité s’enfuit à la clarté des récits, abrégés ou développés, qui ont pour objet l’affranchissement de l’amour, des richesses et de la loi, ainsi est-elle chassée par le soleil du Bhârata. De même que les pléo-