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Le roi des reptiles dit au roi des anachorètes : « Où va ta révérence d’un pas si hâté ? Quelle chose veut-elle faire ? » 1761.

« Le roi des serpents, Takshaka, lui répondit Kaçyapa, va brûler de son venin aujourd’hui le fléau des ennemis, ce roi Parikshit, né dans la race de Kourou. 1762.

» S’il a déjà mordu ce prince d’une vigueur sans mesure, ce rayon de la dynastie Pândouide d’une splendeur égale à celle du feu, je me hâte, mon ami, de lui porter à l’instant même sa guérison. » 1463.

« C’est moi, qui suis Takshaka ; retourne sur tes pas, brahmane, lui répondit Takshaka ; tu n’es point capable de guérir ce que j’ai mordu. » 1764.

« J’irai vers le roi, que je guérirai de ta morsure : telle est ma résolution ! reprit Kaçyapa. J’ai de la force et de la science ! » 1765.

« Si tu es capable de guérir en quelque chose, repartit Takshaka, un être, que j’ai mordu ; alors, Kaçyapa, rends la vie à cet arbre, que je vais mordre ici même ! 1766.

» Déploie ce pouvoir supérieur de tes invocations ; ne ménage pas les efforts ! Je vais brûler ce nyagrodha sous tes yeux, ô le plus grand des brahmes. » 1767.

« Mords cet arbre, si tu le veux, roi des serpents ; et moi, lui répondit Kaçyapa, je rendrai à la vie l’arbre mordu par toi, reptile ! » 1768.

A ces mots du magnanime Kaçyapa, l’immense reptile, monarque des serpents, s’approche de l’arbre et mord ce nyagrodha. 1769.

A peine eut-il été mordu par le puissant reptile, cet arbre tout à coup, s’imprégnant du venin des serpents, s’enflamma de tous les côtés. 1770.