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« De même que le serpent, ouvrage de tes mains, était sans puissance pour inspirer ma frayeur, de même tu vas devenir un serpent sans venin par la vertu de mon imprécation ! » 995.

» Moi, qui savais, homme riche de pénitences, le pouvoir de ses mortifications, je lui dis alors avec émotion, le cœur tout rempli de trouble, les mains réunies en coupe, le corps incliné et debout devant lui : « Ami, c’est une plaisanterie, que je t’ai faite pour badiner. 996-997.

» Veuille me la pardonner, brahme, et retire cette malédiction. » Ayant vu que mon âme était fortement agitée par le trouble, le grand ascète, poussant maints brûlants soupirs, me dit, vivement ému : « La parole, que j’ai prononcée, ne sera jamais un mensonge. 998-999.

» Écoute ces mots, que je vais te dire, ô toi, qui thésaurises la pénitence, et qu’ils descendent de tes oreilles dans ton cœur pour y demeurer sans cesse, ô brahme sans péché. 1000.

» Il naîtra de Pramati un fils vertueux, nommé Rourou : tu seras délivré de cette malédiction à sa vue, et tu ne la porteras pas long-temps. » 1001.

» On t’appelle Rourou et tu es en outre le fils de Pramati : je vais donc reprendre ma forme naturelle ; je te donnerai alors un salutaire avis. » 1002.

Aussitôt l’éminent brahmane à la vaste renommée abandonna son enveloppe d’amphisbène et rentra de nouveau dans sa forme resplendissante. 1003.

Il tint alors ce langage à Rourou d’un éclat incomparable : « Ô le plus vertueux de tous ceux, qui jouissent de la vie, ne pas faire de mal est le suprême devoir. 1004.