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« Fais passer les serpents sous ma puissance. » — « Souffle, reprit l’homme, au derrière de mon cheval. » 809.

Il souffla donc à la croupe du cheval ; et soudain le souffle fit sortir des flammes de feu, accompagnées de fumée, par tous les canaux du coursier. 810.

Le monde des serpents fut englouti dans cette fumée ; et, sur le champ, ému, troublé d’épouvante aux lueurs du feu, Takshaka prit à la hâte les pendeloques, sortit de son palais et dit à Outanka : 811.

« Que ta révérence prenne ces boucles-d’oreille ! » Outanka les reçut et, comme il tenait ces joyaux dans sa main, il réfléchit : 812.

« C’est aujourd’hui cette fête, dont la maîtresse m’a parlé, et je me trouve dans un pays bien loin d’elle : comment pourrai-je lui remettre à temps ces parures ? » Tandis qu’il retournait cette pensée en lui-même, l’homme dit à anachorète : 813.

« Monte ce coursier, Outanka ; et, dans un instant, il te portera chez ton maître. » 814.

« Oui ! » répondit l’autre ; il enjamba le cheval et revint à la maison du gourou. Déjà la maîtresse était sortie du bain, elle avait coupé ses cheveux, elle s’était assise : « Outanka ne revient pas ! » disait-elle ; et son esprit inclinait vers la pensée de jeter sur lui une imprécation.

Dans ce même instant, il entrait à l’hermitage de son gourou ; il salua sa maîtresse et lui présenta les pendeloques. Celle-ci dit : 815-816.

« Outanka, tu reviens juste à l’heure et au lieu. Sois le bien venu, mon fils ! Je ne t’ai pas maudit, car tu es pur de faute. Le bien suprême est déjà sous ta main : obtiens la perfection ! » 817.