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LE RITOU-SANHARA.

hors du marais, dont l’eau est tarie jusqu’à la bourbe, — la grenouille qui saute, et vient près du serpent altéré — s’accroupir sous l’ombrelle, que lui fait le chaperon du naja. 18.

Portant son brillant diadème tout fendu sur sa tête par le flambeau du jour, — léchant les vents, que sa langue tremblante invoque, — et brûlée par le soleil, dont le feu est un poison, la couleuvre à chaperon, — vaincue par la soif, ne fait plus la guerre au peuple des grenouilles. 19.

Jonché de poissons morts, déserté par les grues épouvantées, qui fuient, — pétri sous les pieds des éléphants serrés, qui s’y heurtent les uns contre les autres, — et dépouillé de ses boutons sur les tiges des nymphéas totalement arrachés, — le lac n’est déjà plus qu’une vase par cette trituration incessante. 20.

Tout brisés de chaleur, la bouche entourée de bave et d’écume, — laissant pendre une langue enflammée, le muffle au vent, — chassés de la caverne des montagnes par les tourments de la soif, — les buffles errent par bandes à la découverte de l’eau. 21.

Le peuple des oiseaux halète, perché sur l’arbre dépouillé de son feuillage ; — la race des singes rampe fatiguée sous les buissons de la montagne ; — le troupeau des buffles vague de tous les côtés, aspirant à se désaltérer ; — mais l’essaim des sauterelles va droit pomper l’eau du puits. 22.

A la vue des bourgeons et des herbes nouvelles, qu’un incendie très-violent des forêts consume, des feuilles desséchées, que la force d’un vent cruel abat ou dis-