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LE RITOU-SANHARA.

Avec leurs œillades obliques, accompagnées de sourires et de badinages, — les coquettes jeunes filles, au allument bientôt la cœur de ceux qui les courtisent, — flamme de l’amour, — dans cette saison, où les soirs empruntent à la lune sa beauté pour parure[1]. 9.

Durant les nuits, au fond des palais blanchis par ses rayons, où les femmes — sont plongées dans un sommeil de bonheur, le Dieu Lune, — qui, long-temps a contemplé sans obstacle amoureusement leurs têtes gracieuses, — devient pâle comme de regret[2] à l’heure où la nuit expire. 10.

A travers la poussière, qu’un vent impossible à supporter soulève dans tout l’horizon, — la terre, chauffée par les ardeurs du soleil en furie, — ne peut même apparaître aux yeux des époux en voyage, — consumés des peines, que leur séparation d’avec une femme chérie alluma dans leurs âmes. 11.

Les gazelles, cruellement tourmentées par la chaleur excessive, — courent, le palais tout desséché par une soif ardente : « Il y aura de l’eau, pensent-elles, dans le milieu du bois ! » — car elles ont vu le ciel ressembler,

  1. Cette stance est numérotée 12 dans l’édition de Calcutta et dans les manuscrits ; nous l’avons transposée ici, ce que n’avait osé faire Bohlen, qui observe néanmoins que, placée avant la 13e, elle interrompt mal à propos la description commencée de la plus grande chaleur. Nous avons même avancé ou reculé d’une place, l’une à l’égard de l’autre, les stances 22e et 23e par un motif analogue.
  2. (2) Littéralement : de honte, suivant le Dictionnaire de Wilson et l’Amara-Kosha ; mais peut-être n’est-ce pas le mot, que la situation appelle ; car, dans la mythologie indienne, Tchandra est un Dieu, et non pas, comme dans la fable grecque, une Déesse.