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son Diametre, pendant le Tems , continuant eternellement à suivre la même Route. A chaque Instant l’Esprit conçoit fort bien en quel Lieu cette Figure Spherique doit étre imaginée. Et, si la Divinité entroit dans les mêmes supositions Elle sentiroit, pour ainsi dire, et connoitroit pour tous les Tems, le à Lieu, ou la Figure sphérique se doit trouver.

Imaginez de même de pareilles Figures spheriques de telles grandeurs que ce soit, et tant d’autres qu’il vous plaira, qui soient d’abord conçeues comme étant en Repos. Et qu’aprez un signal donné ces Spheres doivent étre cherchées par l’Esprit chacune, sur une Route particuliere; dans les quelles Routes elles soient suposées marcher uniformement en Lignes droites. Et voila déja comme une Idée du Mouvement, quoique nous n’aions proprement encore rien de corporel.

Qu’aprez un Nouveau signal donné, il soit dit, que ces Figures spheriques etc., continueront toujours d’être considérées, comme se mouvant uniforment en Lignes droites; mais avec cette restriction, que les surfaces de deux de ces Figures spheriques, venant à se toucher dans leurs Mouvemens, dez ce Moment, ces Figures seront connues comme abandonnant leurs premieres à Routes, et leur premieres Vitesses, pour en prendre de Nouvelles, quelles ne quiteront point, que par un pareil Accident. Le tout se determinant par des Regles toutes semblables à celles, que la Nature observe dans les Chocs et dans les Reflexions des Corps infiniment durs.

Nous avons donc ainsi non seulement une Image des Mouvements des Figures et de la grandeur des Corps; mais encore de leurs Reflexions par le Choc; et d’une solidité ou Durete parfaite, accompagnée, si l’on veut, d’un Ressort presque absolument parfait.

Etendons nos supositions jusques à concevoir, sous les mêmes Idées tous les Espaces, qui sont dans ce Moment occupez par des Particules de Matieres dans l’Univers. Et nous verrons d’abord que, si nous avions l’Esprit assez élevé, nous pourrions suivre à travers de l’Etendue, comme à la Trace, les Figures de ces Particules, dans leurs differens Mouvemens, et dans leurs differentes Reflexions; et leur voir faire un jeu tout semblable à celui qui se passe dans le Monde; ci ce n’est autant que des Agens libres viendroient à le troubler.

On demande maintenant, comme nous concevons que Dieu a uni des Esprits à des Corps si nous ne concevons pas de même qu’il puisse unir des à Esprits à quelques unes de ces dernieres Figures, durement construites que nous venons Imaginer dans l’Espace; et leur faire sentir toutes les memes choses, que ressentent par Exemples les Ames humaines, à l’occasion des Corps humains, et d’autres Matieres, qui les environnent ?

Je ne sai si les autres Hommes en jugeront comme moi. Mais d’abord que cette Question me fut proposée, je repondis, que je ne pouvois absolumt. voir aucune Difference, entre le premier Monde, que j’avois conus jusques alors et celui, dont on venoit de me donner l’Idée. Idée qui me charme encore