Angles Solides, fassent un Espece de Cage ou Rezeau, dont tous les Fils soient d’égale grosseur. Mais le Nombre de ces Arrêtés doit être extremement grand, tant afin que les Arretes mêmes, se trouvant tournées en tous sens, l’Atome presente de toutes Parts, une égale Quantité de surface ; qu’afin que deux Atomes, venant à s’unir le plus etroitement qu’ils peuvent, leur Composé presente encore une même Quantité de surface de toutes Parts. Il est vrai neanmoins que la Nature ne paroit pas demander une exactitude si Geometrique et si Scrupuleuse. Car outre qu’il n’est pas trop certain, que les grandes Masses, homogenes, mais diferement denses d’un Diametre donné, par exemple d’un Diametre egal à celui de la Terre, produisent autour d’elles des Pesanteurs, qui leur soient exactement proportionelles dans la derniere Rigeur Geometrique : il est encore moins certain que les Corps terrestres etant divisez iusques dans leurs derniers Atomes, ceux-ci produisent de toutes Parts autour d’eux, une Pesanteur tout à fait reguliere, et toujours proportionelle à leur Masse. Mais j’ai voulu montrer, que s’il on veut absolument nous astreindre à rendre Raison de ces Phenomenes, qui ne sont peut étre pas aussi generaux et aussi reguliers qu’on les imagine, les supositions precedentes pourront servir à continter les plus scrupuleux.
À ces Structures, que j’ai indiquées pour les Atomes des Corps grossiers, on peut ajouter celle ci, qui donnera des Atomes trez mobiles. Imaginez comme ci dessus, une Cage ou un Rezeau n’importe de quelle Figure ni de quel Nombre de Cotez ; mais le plus grand semble étre le Meilleur. Au milieu concevez un Globe attaché, ou suspendu par des Verges inflexibles. Le Diametre du Globe est infiniment plus petit que celui du Rezeau entier : et le Diametre des Fils, qui composent le Rezeau et les Verges, infiniment plus petit que celui du Globe : et la surface, et à plus forte Raison la Masse du Rezeau, infiniment plus petite, que celle du Globe. Un Amas d’Atomes, comme celuici, fera une Masse attractive, à Proportion de la Densité. Mais c’est peut étre trop se borner que decroire que sans aucune Nécessité aparente, la Nature se soit astreinte à des Structures, qui tendent à observer exactement cette Regle, de rendre les Matieres grossieres attractives à Proportion de leur Masse. La Liberté de former des Atomes de Structure diferentes, pour en composer differens Corps, paroit étre tout d’un autre prix.
J’avoue néanmoins que l’Auteur de la Nature étant le Maître, de faire des Atomes de la Matiere Vuides par dedans, il peut toujour rendre la Masse de ces Atomes, proportionelle à leurs surfaces. Ce qui peut étre unsecret dont D il s’est servi pour conserver une plus grande Liberté d’en varier la structure : il et pour diminuer d’autant plus la Quantité de la Matiere, necessaire pour la Construction du Monde.
Mais il y a plus de difficulté, pour faire que les Atomes tournent toujours de toutes Parts une égale Quantité de leurs surfaces. Et c’est ici ou la Geometrie la plus sublime à dequoi s’exercer, dans un Champ aussi peu frequenté, qu’il est vaste et dificile à courir.