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Atomes de la Matiere terrestre, qui les suppose des Rezeaux tissus, par un trez grand Nombre de cotez, de la maniere que je décrirai ci aprez; et que cependant on ne veuille pas recevoir la Theorie de la Lumiere de Mr. Hugens, la quelle devient plus vraisemblable dans cette supposition, il faut conclurre que les Parties de la Lumiere sont assez petites, pour traverser de tels Rezeauz avec une extrême Liberté. Ce qui et la Rigeur, n’empeche pas qu’on ne leur donne encore telle solidité, que l’on voudra. Car une Particule de Lumiere, quoique capable, si l’on veut, d’étre envelopée, par une surface spherique, infiniment plus petite que celle, qui enveloperoit immediadement un Atome terrestre, pourra étre ou égale en solidité, c’est à dire en Masse, à cet Atome, ou inégale, en telle proportion, que l’on voudra; jusques à étre infiniment plus massive ou infiniment moins massive.

PROBLEME I.

Soit un Corps grossier, placé dans un Espace Infini, ou il y ait une Matiere fort rare, égalemement dispercée de toutes parts, et dont les Parties · aient leurs Mouvements, en Lignes droites, fort libres, et soient également agitées, et cela indifferemment en tous sens. On demande ce qui arrivera de l’Opposition du Corps au Mouvement. libre de quelques unes de ces Parties.

Solution. Je suppose pour Principe que, pour l’Ordinaire la Masse de chaque Particule, qui contribue à la Cause de la Pesanteur, est tellement proportionnée avec sa Vitesse, et avec la Grosseur des Atomes de la Matiere terrestre, que venant à fraper un de ces Atomes, elle lui imprime quelque Mouvement tant progressif, que Circulaire; auquel succede, presque dans le même instant, un autre Mouvement, produit d’un autre coté, dans le même Atome, par le Choc d’une seconde Particule, et ainsi de suite, à l’infini. Car, quoique, dans un Tems donné infiniment petit, il se fasse une Infinité de tels Chocs, contre un seul Atome, les uns bien plus forts que les autres, rien n’empêche que ce Tems infiniment petit ne soit encore divisé en une Infînité de Parties distinctes, de sorte que les chocs, contre l’Atome, soient suposez arriver les uns apres les autres: Si l’Atome à quelque Liberté de s’agiter, tant d’un Mouvement Circulaire, que sur tout d’un Mouvement progressif, comme l’ont tous les Atomes des Corps terrestres, car cela paroit assez par la Chaleur, qui peut se produire, ou s’exciter, dans les Corps, soit qu’ils soient fluides, mols ou solides, de tels chocs entretiendront l’Atome dans une continuelle Agitation, ou dans un continuel Fremissement, le secouant dans un Tems infiniment petit d’une infinité de secousses tres vives, et s’il on veut infiniment vives, tantot en un sens, et tantot en un autre et le rejettant perpetuellement d’un nouveau et d’un nouveau coté. Or, quand meme on suposeroit que la Dureté parfaite soit toujours accompagnée d’un Ressort presque absolumt parfait, et que l’un et l’autrer se trouvent toujours, dans les Atomes de la Matiere, cependant, en suivant le Principe qu’on vient d’établir, la plupart des Particules, qui frapent contre l’Atome, ou contre le Corps terrestre , n’auront pas à tout prendre,