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Si deux Corps se meuvent, sur une Ligne droite, en deux sens contraires, et qu’aprez s’étre rencontrez directement, il se reflechissent, sur la même Ligne en deux sens opposez, la même Quantité de Mouvemt demeure.

Si deux Corps se meuvent, sur une Ligne droite, en même sens et qu’aprez s’étre rencontrez directement et s’étre reflechis, il continuent à se mouvoir sur la mesme Ligne, en même sens, la même Quantité du Mouvement reste.

Si deux Corps se meuvent, sur une Ligne droite, en deux sens contraires, et qu’aprez s’étre rencontrez directement et s’étre reflechis, il aillent en meme sens, la Quantité du Mouvement diminue. Ce cas arrive principalement quand les Matieres plus grossieres, ont plus de Vitesse, que les Matieres plus deliées.

Si deux Corps se meuvent, sur une Ligne droite, en même sens, et qu’aprez s’étre rencontrez directement, et s’étre reflechis, ils aillent en sens contraires, la Quantité de Mouvement augmente. Ce cas arrive quand les Matieres plus deliées ont plus de Vitesse, que les Matieres plus grossieres.

Il y a peut étre un autre Principe, soit Metaphysique, soit Mechanique, dans la Nature, qu’on pourroit nommer le Principe de la Fuite des petis Corpuscules entre eux, et qui dans la composition des Corps terrestres n’est peut étre guerre moins considerable, que le premier, qu’on peut appeller le Prinzipe de l’Attraction des Corps. Ont peut rechercher si cette Fuite des petis corpuscules, qui sont approchez entre eux, jusques à de fort petites Distances, car à de plus grandes Distances il se peut faire qu’elle soit nulle, si, dis-je cette Fuite ne pourroit pas etre produite par le tournoiement fort rapide, de quelques parties longues ou plates, qui se mettant, entre les Corpuscules, et s’y trouvant reserrées, les écartent avec Violence. Et en efet ce mouvement circulaire venant à s’appuier, par les deux bouts d’une particule assez longue, sur deux corpuscules voisins, les peut diversement écarter. Au lieu que, si la particule choque contre un seul corpuscule, comme elle n’appiue sur rien, par l’autre bout, et qu’on la suppose plus petit que le corpuscule, c’est pour elle principalement, que se transporte tout l’efet de son choc.

Que s’il est vrai que la plupart des Phenomenes, qui ont étez observez dans le Monde dependent de ces Principes Mechaniques de l’Attraction et de la Fuite des Corps, il n’est pas surprenant que jusque ici l’on ai fait si peu de Progrès, pour connoitre le Tissu des Corps terrestres, et la Simplicité admirable des fondemens de toute cette Nature. Les meilleurs Philosophes ont toujours rejette ces Principes, comme obscurs et incomprehensibles, aussi bien que les meilleurs Geometres; quoique ces derniers soient les seuls dont on puisse esperer à une Philosophie plus exacte. L’Illustre Mr. Newton est le premier, qui ait bien voulu emploier les Mathematiques à des Calculs, touchant l’Attraction et la Fuite des Corps. Et quoi qu’il n’en connut pas les Causes, il n’a pas laissé d’établir solidement par elles, sur tout par l’Attraction, le Veritable Systeme du Monde. — On à reproché aux Philosophes modernes, qu’ils imaginoient, dans les petites particules de la Matiere, des Figures geometriques, et fort regulières,