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Mouvemens les plus rapides. Outre que, plus on supposera des Mouvemens extremement prompts, et plus on pourra diminuer la Matiere, et reduire toute la Nature à une extreme simplicité, et à un petit Nombre de Principes.

Sur cela je remarque que les Idées, que nous avons du Mouvement, et de la Grandeur des Corps ne sont que comparatives, nous appellons finies, les Quantitez qui sont de nôtre connoissance, et que nous avons accoutumé de comparer entre elles. Mais, comme les Mathematiciens ont trouvé qu’ils pouvoient mesurer toute la Masse de certains solides infiniment longs, je fais voir aussi, que d’un côté, l’on peut concevoir aisement des Grandeurs et des Vitesses infiniment moindres, que ces premieres ; puis d’autres infiniment moindres que celles ci, et cela tant de fois que l’on voudra ; comme d’un autre côté, on ne peut concevoir d’infiniment plus grandes ; et ensuite d’autres infiniment plus grandes que ces dernieres ; puis d’autres infiniment plus grandes, que celles-ci ; et cela tant de fois que l’on voudra. Car tout cela suit de la Definition, que je donne, d’une quantité infiniment plus grande, qu’une autre L’Infini, comme s je le conçois, n’est pas toujours la plus grande chose possible en son Genre, ni à la quelle, on ne puisse rien ajouter, comme dans la Metaphysique la Connoissance Infinie, car l’Etre supreme est telle, qu’il sçait absolument tout ce qu’il est possible de savoir. Mais c’est plutôt une chose si grande, ai l’égard d’une autre, à qui on la compare, que tel Nombre fini, que l’on puisse s’imaginer ou exprimer, par quelque Artifice que ce soit, sera toujours trop court, et petit au de la de tout ce qu’on peut dire pour exprimer le Nombre des Repetitions, qu’il faudroit, de la chose, que l’on considere comme finie pour égaler celle, que l’on appelle Infinie, à son égard. Et je confirme cette Definition de l’Infini, ou plutôt de l’Immense, en faisant voir qu’elle ne peut appartenir, à des choses finies Or pour ce qui regarde l’Infini même, je tâche de faire voir, qu’il y a actuellement des Infinis, et des Infinis de plusieurs Ordres, c’est à dire, infiniment plus grands les unes que les autres. Comme encore, qu’un Infini ou Immense, peut fort bien étre borné, non seulement d’un Coté, comme le Tems passé ; qui étant absolument infini, à remonter vers sa source, se termine par le Moment présent : mais des deux cotéz. Car quand on dit que le Monde est Infini, et qu’il y a apparemment des Corps dispercez, par tout le Monde, ou l’on ne veut rien dire, ou bien on dit, que la Distance, d’ici à certains Corps, est infinie ; c’est à dire que la Ligne terminée ici, par un bout, et terminée infiniment loin d’ici, à quelque Corps est infinie ; Mais à moins que ces Choses ne soient à apuiées de leurs démonstrations il y a peu de Personnes qui les puissent croire, et incomparablement moins, qui les puisse comprendre.

L’Espace est infini proprement, et à la rigueur : c’est à dire qu’il est non seulement infiniment plus grand, que le Globe de la Terre, par exemple, mais encore, qu’il n’a aucunes bornes d’aucune côté, que ce soit ; et qu’il n’y a aucune Etendue, qui lui puisse étre ajoutée, et la quelle il ne comprene pas à dêja. Dans cet Espace, je demontre qu’il y a assez de place, pour une Infinité