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un drôle de voyage.

« Ah ! dit-il après avoir bu, c’est du vin trop pur, et je n’aime pas ça.

— Nous pouvons retourner à la rivière chercher un peu d’eau, ce n’est pas très-loin ; veux-tu ?

— Il fait trop noir, répliqua vivement Charlot, que la nuit ne rendait décidément pas très-brave ; et puis, si nous allions être repris par les corsaires ou rencontrés par les sauvages, — peut-être qu’ils nous guettent, — ça ne serait pas amusant.

— Assez mangé ! dit tout à coup Mimile en ramassant les provisions qu’il serra dans le panier, passé à l’état de buffet, et surtout assez causé. Couchons-nous. »

Fatigués par le travail et pas mal secoués par les émotions de la journée, nos petits coureurs d’aventures ne demandaient pas mieux que de prendre du repos. Ce fut donc par un mouvement simultané qu’ils se retournèrent vers le lit de paille qui occupait un bon tiers de la cabane.

Cette paille, une bonne fortune dans leur position, était d’ailleurs fraîche et engageante ; un bon génie semblait l’avoir apportée là tout exprès.

Mimile, plus avisé que Charlot, plia les deux manteaux qu’ils devaient aux brigands et les plaça en guise d’oreiller sur la litière ; puis tous les deux s’étendirent sans façon, après s’être assurés une dernière fois que leur porte était bien close et avoir éteint soigneusement leur chandelle.

Mais il arrive souvent qu’on se couche pour dormir et qu’on se voit contraint de passer son temps à toute autre chose.