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la bataille.

— Et c’est nous qui ferons tout cela à leur place, répondit joyeusement Mimile.

— C’est fameux ! reprit Charlot en saisissant la balle au bond, j’ai une terrible faim.

— Et moi donc ! »

Ce disant, Mimile tira son grand couteau de sa gaîne, coupa deux morceaux de pain et en présenta un à Charlot.

« Si nous mettions le beurre dessus ? dit celui-ci.

— Soyons économes, dit Mimile, ne mangeons pas tout en une fois ; nous aurons pour ce soir nos sandwichs qui deviendraient trop dures ; commençons par là. »

Mimile ouvrit aussitôt son sac de provisions.

« Tiens, Charlot, en voilà trois pour toi et trois pour moi ; le reste sera pour demain.

— Avec le pot de beurre et le saucisson ?… ajouta Charlot.

— Tu, tu, tu, tu ! n’allons pas si vite ; en voyage, tu sais, on doit être prudent.

— Ça n’empêche pas de manger quand on a faim, dit Charlot.

— Et surtout quand on a de quoi manger ; un peu plus, tu le vois, nous n’avions rien du tout.

— C’est vrai, pourtant… Et quand on n’a rien à manger ?

— On se serre le ventre, » dit Mimile.

En attendant cette dure extrémité, Charlot se bourrait comme un canon de l’ancien système.

« Bois donc, lui dit Mimile, tu vas t’étouffer. »

Charlot déboucha son bidon et suivit le conseil de son cousin.