Page:Fath — Un drôle de voyage, 1878.pdf/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
un drôle de voyage.

l’heure, et il me semble maintenant qu’elle est ouverte, dit Mimile.

— Ouverte ? » dit Charlot.

Et il se plaça prudemment derrière son compagnon.

« Attends, dit Mimile ; elle est ouverte, mais elle est fermée tout de même ; elle ne veut pas s’ouvrir tout à fait, elle est peut-être rouillée. Il faut la pousser ferme ; viens m’aider, et surtout fais comme moi. »

Charlot aurait eu mauvaise grâce à refuser à son cousin le genre de secours qu’il lui demandait. Il était en fonds pour le lui donner.

Les deux enfants se retournèrent.

« Écoute-moi bien, dit Mimile. Je compterai jusqu’à trois, et au troisième coup, un, deux, trois, pan ! nous pousserons ensemble. »

Ils poussèrent ensemble en effet, et si bien que, la porte cédant tout à coup à leur double et vigoureux effort, ils se trouvèrent instantanément tous les deux assis sur leur derrière au fond d’une pièce très-sombre.

« Nous avons trop poussé, dit Charlot, je t’ai trop aidé ; je suis tombé très-fort, moi, j’en ai mal à la tête ; et toi ? »

Mais il n’attendit pas la réponse de Mimile ; dans un angle, à l’extrémité de la chambre, et comme à ras de terre, il venait d’apercevoir, luisant au milieu des ténèbres, deux points lumineux assez semblables à ceux qu’auraient pu produire deux yeux de loup.

« Allons-nous-en ! dit tout bas Charlot.

— Si c’étaient cependant les yeux d’un lion ? répondit à mi-voix Mimile. Ce serait bien amusant de le tuer.