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découverte de l’amérique.

Ce fut subitement une série de détonations telles que l’on crut que les murs de la salle allaient crouler, et qu’un ennemi du collège Chaptal avait caché dans le poêle une machine infernale.

Cette équipée avait valu un mois de retenue à l’élève Mimile.

Cela ne l’avait pas entièrement corrigé ; mais cela avait donné au professeur la sage idée qu’un poêle dans un collège ne devait être orné d’aucun four, et le four avait été impitoyablement supprimé. Sublata causa, tollitur effectus. Ceux de mes jeunes lecteurs qui apprennent le latin, traduiront cette maxime ; cela les punira d’avoir ri de l’équipée du coupable Mimile.

Si pensif que Charlot fut d’ordinaire, il n’en était pas moins toujours prêt à applaudir aux folies de Mimile.

En classe, Charlot avait pour voisin un garçon de quinze ans qu’on avait envoyé à Paris pour y faire ses études. Il se nommait Harrisson.

Harrisson ne cessait d’entretenir Charlot des splendeurs de l’Amérique et de la vie heureuse et aventureuse qu’on y menait. Selon lui, on ne pouvait pas y faire un pas sans rencontrer des forêts enchantées, pleines d’animaux terribles ou charmants et plantées d’arbres aux fruits délicieux.

Avait-on besoin d’un beefsteack, on tuait sans façon un bœuf pour sa consommation ; d’un gigot de mouton, on mettait à la broche un mouton tout entier ; d’un oiseau quelconque, on tirait un coup de revolver au hasard, et il en tombait à foison qu’on n’avait pas besoin