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un drôle de voyage.

Et Mimile avança sur l’extrême limite de la berge qui, en cet endroit, surplombait la surface des eaux de quelques mètres.

« Je n’aperçois ni bateau, ni personne, dit-il ; c’est un désert d’eau…

— Le bateau de notre patron se sera sauvé, dit Charlot.

— Et les brigands courent sans doute après avec leur barque, » fit observer Mimile.

Et il ajouta :

« Ce qui nous arrive est bien extraordinaire tout de même.

— Oh ! oui ; mais où sommes-nous maintenant ? »

Le pauvre Charlot regardait autour de lui avec une profonde inquiétude.

« Je ne sais pas ; on dirait des champs, répliqua Mimile.

— S’il faisait clair, encore ! dit Charlot en se serrant contre Mimile.

— Et puis j’ai une faim de cannibale.

— Moi aussi, dit Charlot.

— Si nos sacs n’étaient pas restés sur le bateau, nous pourrions du moins manger nos sandwichs. C’était bien la peine de les acheter ! ce sont les brigands qui vont les manger, à présent.

— Avec ça qu’on avait oublié de nous donner à diner, dit piteusement Charlot.

— C’est ma foi vrai ; l’exercice du fusil a remplacé le dîner…

— Je me contenterais bien du hareng d’hier ; le pain était bon, soupira Charlot.