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la bataille.

Cet ordre fut exécuté comme le premier.

« Maintenant, allons chercher les autres ! » ajouta la voix.

On entendit presque aussitôt la barque qui prenait le large.

Mimile et Charlot ne se trouvèrent pas plus tôt seuls, qu’ils commencèrent à se débattre dans leurs liens. Par un hasard providentiel, au lieu d’être nouées avec des nœuds, de ces nœuds marins qui sont si difficiles à dénouer pour les gens de terre, les cordes qui les garrottaient n’étaient nouées autour des poignets et des jambes de Charlot qu’avec des boucles.

« Attends, » dit Mimile, qui, dans ce péril extrême, n’avait pas perdu la tête.

Et, se roulant jusqu’auprès de Charlot, il défit avec ses dents la boucle qui serrait les poignets.

« Maintenant que tu as les mains libres, lui dit-il, débarrasse-moi vite à mon tour de ces affreuses ficelles qui m’entrent dans les chairs. »

Après les mains, ce fut le tour des pieds. En un clin d’œil, les deux captifs se trouvèrent sur leurs jambes.

La nuit n’était pas absolument noire, et ils se regardèrent un moment sans oser dire un mot.

« Ils sont partis, les corsaires ? dit enfin Charlot tout tremblant.

— Oh ! ils ne vont pas être longtemps sans revenir, répondit Mimile.

— Si nous nous sauvions tout de suite ? dit Charlot.

— Laisse-moi d’abord regarder ce qui se passe sur la rivière. »