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la bataille.

voir si une ou plusieurs barques ne s’avanceraient pas sur nous ; vous m’en avertiriez aussitôt.

— Oui, monsieur !… dit Mimile.

— Jusque-là ne retournez pas la tête, quel que soit le bruit qui se fasse derrière vous. Vous m’entendez bien ? ne retournez pas la tête, ou je vous la casse d’un coup de revolver.

— Oui, monsieur !… » répondit Mimile.

Charlot n’osait plus remuer, d’autant plus que la nuit était presque venue.

Le bateau avançait toujours ; le bruit de l’hélice était le seul qu’on entendît.

Je me trompe ; en approchant son oreille de la poitrine du gros Charlot, on aurait entendu aussi les battements de son cœur. Que voulez-vous ? chacun connaît cette émotion inséparable d’un premier début ; les plus intrépides ont passé par là.

Les rives du fleuve étaient désertes.

Un clapotement lointain traversa l’espace en ce moment.

« Attention ! ne bougez pas. Surveillez bien la rive droite, » cria le patron à Charlot et à Mimile.

Les deux enfants semblaient pétrifiés, tant ils étaient immobiles.

Le bateau poursuivait son chemin. Mais une rumeur étrange, qui augmentait de seconde en seconde, semblait courir après lui. D’où partait-elle ? Rien ne le révélait.

Tout à coup, une demi-douzaine d’hommes, qui, depuis quelque temps sans doute, s’étaient, sans qu’on les