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un drôle de voyage.

Ils étaient de plus sur les dents.

« Reposez-vous un moment, pendant que je vais voir où nous en sommes, » leur dit enfin le chauffeur.

Charlot et Mimile se hâtèrent de déposer leurs fusils.

La nuit était proche, et l’on avait oublié le diner.

« Je n’en puis plus, dit Charlot, ce fusil est très-lourd… n’est-ce, pas Mimile ?

— Si c’était un fusil de grand soldat avec une baïonnette au bout, ce serait encore bien plus lourd.

— Je le crois, répondit Charlot, mais ça piquerait ferme aussi, et je crois que les lions en auraient joliment peur ; nous aurions dû en emporter chacun un.

— Bon, dit Mimile, voilà que maintenant tu trouves que nous n’en avons pas assez à porter. »

Le patron du bâtiment était remonté sur le pont. Il s’y promenait à grands pas et en gesticulant.

« Le moment est venu ; que faut-il faire ? lui demanda le chauffeur assez haut pour être entendu des deux enfants.

— Chauffer aussi fort que possible, afin de marcher plus vite.

— Et après ?

— Après ?… Nous nous tiendrons sur nos gardes… Je regrette seulement d’avoir embarqué si peu de monde… Mais bah !… Dieu nous aidera. »

Charlot regarda Mimile d’un air inquiet, et il s’apprêtait à conférer avec lui sur la situation, qui ne leur paraissait pas très-claire, quand le patron leur dit brusquement :

« En faction, les mousses !… Regardez de ce côté pour